Une nuit d'observation, le cœur dans l'âme

 

 

La préparation d’une soirée d’observation astronomique est une aventure en soi, un rituel presque aussi fascinant que l’observation elle-même. Chaque détail compte, car le ciel nocturne ne se dévoile qu’aux plus attentifs.

Tout commence par le choix du lieu. La pollution lumineuse, ennemie jurée des astronomes, impose de s’éloigner des villes et des zones habitées. À l’aide d’une application mobile, je traque les points les plus noirs.

La météo a son mot à dire : j’ai vérifié les prévisions plusieurs fois. Pas de nuage, une humidité modérée, et une légère brise, tout semble parfait !

 

Mon choix s’est porté sur un col de moyenne montagne, à environ 1 014 mètres d’altitude (en Lozère). L’altitude est cruciale : elle permet de passer au-dessus de nombreuses couches d’air turbulentes et chargées d’humidité, garantissant une meilleure clarté.

 

Le site est éloigné de tout village, niché entre deux cols et entouré de prairies ouvertes. Pas de lampadaires, pas de faisceaux intrusifs, seulement le silence et l’obscurité.

Je charge soigneusement mon équipement dans le coffre du Van. Des vêtements chauds en couches multiples, car les nuits en altitude sont glaciale en cette saison.

Une lampe frontale équipée d’un filtre rouge pour préserver l’adaptation de mes yeux à l’obscurité.

Je prépare également de quoi tenir une partie de la nuit : des biscuits énergétiques.

 

Ma cible ? un classique mais tellement agréable à imager surtout qu'avec mon capteur "full frame" je peux avoir deux cibles pour le prix d'une !

Situées à environ 6 500 années-lumière dans la constellation de Cassiopée, la nébuleuse de l'âme (Ic1848) et la nébuleuse du cœur (Ic1805). 

Les deux nébuleuses brillent intensément dans la lumière rouge de l'hydrogène excité. Plusieurs jeunes amas ouverts d'étoiles peuplent l'image et sont visibles ci-contre en bleu, notamment au centre des nébuleuses. La lumière met environ 6000 ans pour nous parvenir de ces nébuleuses, qui couvrent ensemble grossièrement 300 années-lumière.

 

Je pars en fin de matinée, car j'ai tout de même 4h00 de route et l’installation doit se faire à la lumière naturelle. Une fois arrivé sur place, je repère une clairière sur un chemin caillouteux interdit aux véhicules mais je n'ai que 100m à faire pour m'y poser à l'abri de la route en contre bas. Les arbres sont loin, garantissant une vue à 360 degrés sur le ciel. Le trépied est monté, la lunette ajustée, et je m’assure que mon siège d’observation soit confortable.

Le crépuscule tombe, plongeant le paysage dans une pénombre mystérieuse. C’est le moment d’éteindre toutes les lumières parasites du Van et de laisser mes yeux s’habituer à l’obscurité. La Voie lactée commence à apparaître, signal que la magie va opérer.

 

Avant d’observer, je fais un tour d’horizon : pas de nuages, pas d’avions, pas d’insectes. L’air est clair et stable, un véritable cadeau pour l’astronome. Cette soirée promet d’être exceptionnelle, et chaque étape de préparation renforce l’impatience de scruter les mystères de l’univers.

Le point blanc au milieu, c'est moi !
Le point blanc au milieu, c'est moi !

 

Le spectacle débuta avec une myriade d’étoiles scintillantes, d’une netteté inégalée. En Lozère, loin des lumières urbaines, le ciel nocturne devient une véritable tapisserie cosmique. 

Le vent souffle légèrement, glissant sous mes vêtements malgré toutes mes couches. Il me semblait qu’il voulait tester ma détermination. Les quelques bourrasques faisaient vibrer légèrement ma lunette, ajoutant un défi supplémentaire à cette nuit d'observation. Entre deux ajustements, je regagnais le Van pour me réchauffer brièvement, surtout mes mains engourdies par le froid.

Mais le clou de la soirée fut sans doute l’apparition de la Voie lactée. Elle traversait le ciel telle une rivière céleste, ses myriades de poussières stellaires formant un tableau qui défiait l’imagination. Je restai un long moment à contempler cette splendeur à l’œil nu, oubliant presque le vent mordant.

La cible affichée via l'Asiair
La cible affichée via l'Asiair

Aux premières lueurs de l’aube, les étoiles pâlirent une à une. Épuisé mais comblé, je démontai mon matériel et retournai dans mon Van où la douce chaleur du chauffage du véhicule m’attendait. Cette nuit-là, malgré le froid, j’avais voyagé plus loin que jamais, porté par les mystères de l’univers.

Mes couches Ha, Hb, SII et OIII

et mon image finale après traitement

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Commentaires: 1
  • #1

    PELC Lilas (mardi, 03 décembre 2024 19:49)

    Salut Christian, Magnifique sortie! Mais comment fais-tu pour choisir si bien tes cibles ?! Vraiment bravo, je suis admirative, et merci pour ce partage car tu nous fais voyager avec toi vers des destinations qui ne sont pas dans notre programme du jour ( il faudrait du temps pour cela. ) Bref félicitations aussi pour tes photos qui sont vraiment vraiment très très belles ! . Bien astronomiquement, Lilas.